Sur le jardin de Guillevic –
en l’absence de Guillevic

A la manière de Guillevic

à Guillevic

 
Qui réveille-t-elle, ta lumière?
Qui, ton ombre, va-t-elle endormir?
On t’a abandonné.
*
La lueur vierge du soir
Vient se coucher sur tes herbes.
Mais elle s’en lève vierge.
Pas d’yeux pour l’embrasser.
*
La reine-claude attend sur sa rame
Une bouche qui songerait à elle.
Puis elle tombe sur terre.
Un petit pétale de géranium
Attend un peu sur sa tige.
Puis il se fane.
L’herbe folle se mêle à l’herbe sage,
Elle attend qu’une main réveuse l’arrache.
Puis elle foisonne de mieux.
Que de doutes qui te tentent.
Mais tu restes infléxible
Dans la fidélité.
 

(La Forêt-Sainte-Croix, 2/8/1961)

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